jeudi 18 août 2022

Ernst Lubitsch : une drôle de touche

 S'il est un réalisateur qui a eu le bonheur de connaître très vite le succès, c'est bien Ernst Lubitsch (1892-1947), cinéaste d'origine allemande émigré aux Etats-Unis en 1922. 

On a souvent parlé de la fameuse "Lubitsch touch", la "touche Lubitsch", celle qui a fait dire à François Truffaut que "Lubitsch était un prince".

Cette touche, cette sorte d'insistance qui ne peut se repérer, une manière unique d'enfoncer le même clou en tapant toujours un peu à côté, une idée fixe poursuivie jusqu'à son épuisement – mais qui jamais ne lasse. La Lubitsch Touch se caractérise aussi par une retenue élégante des sentiments, rien n'explose, c'est ainsi que Lubitsch cultive l'ellipse, l'attente, la surprise, allant ainsi contre l’expressionnisme du cinéma allemand et de façon générale du cinéma muet à ses débuts.

Ernst Lubitsch est né à Berlin le 29 janvier 1892. Il appartient à la génération des réalisateurs qui ont l'âge du cinématographe (1895). Charlie Chaplin est son aîné de trois ans, John Ford son cadet de trois ans. Cette génération, qui grandit avec le « muet » et découvre le « parlant » à sa maturité, va donner au cinéma ses classiques.

Très jeune, le petit Ernst est destiné à travailler dans l'entreprise paternelle, « Etablissement des ateliers pour manteaux de dames ». Après des études correctes, il se lance et avoue à son père qu'il n'aime que le théâtre. 


Au cinéma, dès 1914, il invente son emploi : le petit commis juif qui met la pagaille. Mais c'est bientôt la guerre et le public se lasse de l'ersatz berlinois de Charlot. C'est comme cela qu'Ernst Lubitsch devint cinéaste.

Aux Etats-Unis, à partir de Haute pègre (1932), Lubitsch enchaîne une éblouissante série de douze chefs-d'œuvre, jusqu'à La Folle ingénue (1946), et parmi eux To be or not to be (1942) ou Le ciel peut attendre (1943).

Pour la petite histoire, il existe de nombreuses affinités et liens d'amitié réciproque entre Ernst Lubitsch et la France. De 1930 à 1939 , la quasi-totalité de ses films se déroule en France. À remarquer également que l'on parle beaucoup français chez Lubitsch : dans Le ciel peut attendre et dans Sérénade à trois (1933), une scène entière se passe dans la langue de Molière.

 

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