lundi 8 mai 2023

Qui se souvient de Lotte Eisner ?

Historienne de l'art, journaliste, conservatrice en chef de la Cinémathèque française auprès d'Henri Langlois, Lotte Eisner (1896-1983) a traversé les remous de l'histoire et côtoyé nombre d'artistes et intellectuels (de Bertolt Brecht à Louise Brooks).

Née à Berlin en 1896 dans une grande famille juive bourgeoise, la jeune fille au caractère bien trempé s’émancipe au fil d’études d’histoire de l’art et d’archéologie, s’imprègne de la vie culturelle intense dans l’Allemagne des années 20, se passionne pour les nouvelles formes au théâtre (Marx Reinhardt, Bertolt Brecht…), les débuts des géants du cinéma (Lang, Murnau, Pabst…).

Elle devient la première critique de cinéma au Quotidien Film-Kurier. Elle fuit l’avènement du nazisme en 1933 pour trouver refuge en France où elle acquiert la nationalité française en 1937 et se lie d’amitié avec Henri Langlois et Georges Franju (qui viennent de fonder la Cinémathèque). Arrêtée pendant la Seconde Guerre mondiale et après s'être échappée, elle passe l’Occupation cachée dans un château du Lot par Langlois et archive des bobines sauvées  des mains des nazis. 

En 1945, commence une nouvelle vie après sa nomination en tant que conservatrice à la Cinémathèque française : elle y consacre beaucoup de son temps en parcourant le monde à l’affût de films perdus, décors et accessoires de tournage pour enrichir le Musée. 

 En 1952, elle écrit L’Écran démoniaque, ouvrage majeur par son analyse du cinéma expressionniste allemand et plus largement du cinéma muet allemand.Elle poursuit, par l’écriture d’ouvrages essentiels sur  l’expressionnisme allemand au cinéma, Murnau et Lang et l’entretien de liens forts avec de grands cinéastes, à reconstruire la mémoire du cinéma, allemand en particulier.

Elle a écrit, en allemand, son livre sur Fritz Lang, qu'elle a soumis chapitre par chapitre au cinéaste, avant la disparition de ce dernier, en 1976.

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